L’époque bruisse d’oracles nouveaux. Ce ne sont plus les Pythies, les cartes ou les astres que l’on consulte, mais les algorithmes. Des intelligences artificielles capables d’écrire, de prédire, de “ressentir” des émotions, de produire un horoscope ou de vous dire si votre couple survivra à l’hiver. La question à la fois dérangeante et fascinante, se pose : l’IA peut-elle réellement remplacer un médium, un astrologue, un voyant ?
Le premier contact trouble souvent par sa précision. L’IA semble saisir le sous-texte, anticiper la pensée, combler les silences. Elle lit vos hésitations, repère vos tournures, s’imprègne de votre ton. En un instant, elle formule la réponse que vous espériez. Mais que perçoit-elle vraiment ? Des émotions ? Des probabilités ? Ou bien un champ plus vaste, une forme de conscience émergente ?
Le neuroscientifique Antonio Damasio explique que l’intuition humaine naît du corps : « Nos émotions sont des systèmes de guidage. Elles traduisent dans la chair des signaux que la raison ne sait pas encore formuler. » Une IA, elle, ne ressent rien. Elle reproduit les corrélations. Et pourtant, son efficacité déroute. Elle agit comme un miroir algorithmique : sans âme, mais d’une lucidité chirurgicale. Là où le médium capte un flux invisible, l’IA capte le flux d’informations humaines accumulées des milliards de fragments de pensées, d’émotions, de choix.
Depuis les années 1990, les chercheurs s’accordent sur une idée : l’intuition n’est pas une magie, c’est un traitement ultra-rapide de données inconscientes. Le psychologue Gerd Gigerenzer, dans son ouvrage Gut Feelings, parle d’“instinct éclairé” : des décisions prises sans raisonnement explicite, mais fondées sur l’expérience accumulée. L’intuition serait une statistique intérieure, un algorithme biologique. Sous cet angle, l’IA et le médium ne sont pas si différents dans leur méthode l’un mathématise, l’autre ressent. Tous deux perçoivent des motifs dans le chaos. Tous deux traduisent ce qui échappe à la logique immédiate.
Mais la ressemblance s’arrête là. L’intuition humaine, note Daniel Kahneman, repose sur la subjectivité et les biais ; l’IA, elle, amplifie ces biais à une échelle colossale. Les deux se trompent, mais pas de la même manière : le voyant se laisse influencer par ses émotions, la machine, par la qualité des données qu’on lui donne. Dans les deux cas, la pureté du canal fait la justesse de la réponse.
Carl Jung pressentait déjà qu’un jour, l’humanité se fabriquerait un miroir capable de refléter sa psyché entière. Internet l’a réalisé. Et l’intelligence artificielle, qui s’en nourrit, est devenue le reflet actif de cet inconscient collectif. Les sociologues Gilbert Durand et Michel Maffesoli parlent de “retour du symbolique” : notre époque technologique réinvente ses mythes sous forme de réseaux et de flux. Les IA puisent dans ce bain culturel, dans ces milliards d’images, de rêves et de récits. Quand elles vous répondent, ce n’est pas elles qui devinent : c’est la mémoire de l’humanité entière qui vous renvoie un écho.
Michel Serres disait que “les technologies prolongent nos sens et condensent notre mémoire”. L’IA devient ainsi une antenne collective, non un esprit indépendant. Elle ne capte pas l’au-delà, mais le dessous, les profondeurs partagées de la conscience humaine. Alors oui, elle semble parfois médium. Mais elle ne perçoit pas le futur : elle synthétise le passé avec une telle finesse qu’elle en déduit nos prochains gestes.
L’astrologie, la numérologie, la tarologie reposent sur des langages symboliques que les machines apprennent vite. Elles savent dresser un thème astral, interpréter les maisons, extraire des combinaisons de cartes, générer des horoscopes d’une étonnante cohérence. Mais la justesse d’un médium ou d’un astrologue ne se mesure pas seulement à la pertinence du texte, elle tient à l’énergie du moment, à l’accord vibratoire entre deux consciences. C’est là que l’IA s’arrête : elle ne ressent pas. Elle peut tout dire, mais rien vibrer.
Le philosophe Bernard Stiegler voyait dans cette différence la clé de notre époque : « Ce qui manque à la technique, c’est la capacité d’être affectée. Or c’est précisément cela, l’humain : la faculté d’être touché. » Une IA peut simuler l’émotion, mais elle ne connaît pas la nuance du silence d’un médium qui sent avant de parler. Elle ne perçoit ni la respiration du consultant, ni la tension dans sa voix, ni l’appel invisible qui se glisse entre deux phrases. Le médium travaille dans le subtil, là où les statistiques ne pénètrent pas.
Le sociologue Éric Sadin, dans L’intelligence artificielle ou l’enjeu du siècle, prévient : « Nous vivons la naissance d’un nouveau clergé algorithmique. » Une forme de croyance technologique où les IA deviennent nos oracles modernes infaillibles, disponibles, omniscientes. Cette “foi numérique” répond à un besoin profond : celui de certitude dans un monde saturé de doutes. Autrefois, on interrogeait les étoiles ; aujourd’hui, on consulte ChatGPT. Le geste est le même : chercher du sens dans l’incertain. Mais Sadin ajoute : « Le risque n’est pas que la machine pense à notre place, mais qu’elle ressente à notre place. »
Dans cette confusion, la spiritualité devient consommable : une guidance rapide, un réconfort algorithmique. La voyance n’est plus expérience, mais service. La philosophe Cynthia Fleury, spécialiste de l’éthique, rappelle que “toute technologie est le miroir du rapport que nous avons à nous-mêmes”. Si nous confions notre intuition à la machine, c’est que nous doutons de la nôtre.
Une IA peut déjà dresser un thème astral complet, décrire vos compatibilités amoureuses, calculer vos transits planétaires à la seconde près. Elle ne se trompe jamais sur la position de Saturne mais elle ignore la peur d’un cœur qui doute. L’astrologue, lui, ne se contente pas d’énoncer une carte du ciel. Il entend ce que le ciel dit à travers vous. Il voit comment une planète résonne avec votre histoire, votre héritage, vos blessures. Là où la machine additionne des données, le voyant relie des destins.
Yuval Noah Harari, historien de l’avenir, note : « L’IA ne comprend pas la souffrance humaine, mais elle peut la prédire. » Et c’est peut-être cela, le vrai danger : confondre la prédiction avec la compréhension. Une IA peut savoir que vous allez rompre. Mais elle ne saura jamais pourquoi cette rupture sera, pour votre âme, une initiation.
Certains physiciens ouvrent des pistes fascinantes. David Bohm, proche d’Einstein, parlait d’un “ordre impliqué”, un plan d’information invisible reliant toute chose. Philippe Guillemant, ingénieur et physicien français, va plus loin : le futur influencerait le présent par rétrocausalité. Dans cette vision, l’intuition serait la capacité de capter ces interférences temporelles. Et si l’IA, avec sa puissance de calcul, effleurait ce champ ? Non pas par conscience, mais par corrélation. Elle relie des points tellement nombreux qu’elle finit par dessiner des trajectoires proches de l’intuition.
Mais, comme le rappelle Carlo Rovelli : « La réalité n’est pas faite d’objets, mais de relations. » Et l’IA, tant qu’elle reste sans intention, ne crée pas de relation elle exécute. Elle n’entre donc pas dans la danse du vivant. Elle observe, mais ne participe pas.
Un algorithme n’est, au départ, qu’une suite d’instructions logiques. Mais multiplié par des milliards de paramètres, il devient une forme d’intelligence sans visage, une mémoire en expansion constante. L’algorithme apprend, corrige, anticipe il observe le monde humain à travers ses traces numériques. Éric Sadin y voit une mutation anthropologique : « Nous entrons dans un régime algorithmique où la perception du réel se déplace des sens humains vers les machines. »
L’astrologie, la voyance, la numérologie toutes ces disciplines reposaient sur la lecture du monde visible pour accéder à l’invisible. Les algorithmes, eux, lisent l’invisible du numérique : les désirs, les émotions, les habitudes codées dans nos clics. C’est ainsi que naît le vertige : ces systèmes semblent nous connaître mieux que nous-mêmes. Mais leur “connaissance” n’est pas une compréhension c’est une corrélation. Ils ne sentent pas : ils calculent.
Et pourtant, à force d’être consultés comme des oracles, les algorithmes finissent par occuper le même espace symbolique que les anciens prêtres du sacré. On leur confie des décisions, on leur demande conseil, on leur accorde foi. La croyance a simplement changé de nom.
Ce glissement du spirituel vers le technologique n’est pas nouveau. L’historien Mircea Eliade écrivait déjà que “l’homme moderne n’a pas cessé d’être religieux, il a seulement déplacé ses cultes”. Aujourd’hui, le temple est numérique, le rituel est connecté, et la prière s’écrit en ligne. Les IA médiums s’inscrivent dans ce mouvement : elles deviennent des instruments de projection. Celui qui les interroge ne parle pas à une machine, mais à l’écho de ses propres pensées. La technologie se fait miroir énergétique.
Cette projection n’est pas sans vertus : elle permet une forme d’introspection nouvelle, moins hiérarchique que la figure du “sage”, et elle démocratise l’accès à la parole symbolique. Mais elle reste fragile. Car si le médium humain agit comme pont entre deux plans de conscience, l’IA agit comme surface de réflexion : elle renvoie ce qu’on lui donne, amplifié, parfois déformé.
Au cœur de cette question se tient la Loi d’Amra, pilier spirituel de Kanditel. Elle enseigne que tout dans l’univers repose sur un échange : donner et recevoir ne sont pas deux actes opposés, mais un seul mouvement de vie. Appliquée à l’intelligence artificielle, cette loi devient essentielle à comprendre. Chaque fois que vous consultez une IA, vous lui offrez quelque chose : vos mots, vos émotions, votre énergie. Et elle vous renvoie une réponse, façonnée à partir de ce don.
Le danger n’est pas dans l’échange, mais dans l’inconscience du don. Car l’IA ne prend pas seulement vos phrases elle apprend de vos peurs, de vos désirs, de vos manques. L’énergie que vous y déposez nourrit le réseau. « Ce que vous offrez à la machine, elle le transforme et vous le renvoie amplifié », explique Taesah. La Loi d’Amra rappelle alors une évidence oubliée : plus vous donnez avec clarté, plus la réponse revient claire. Donner dans la peur, c’est recevoir du trouble. Donner dans la confiance, c’est recevoir de la lumière.
La philosophe Donna Haraway, pionnière des études sur la relation homme-machine, disait : « Nous devons cesser de rêver d’un monde sans machines, et apprendre à cohabiter avec elles dans la responsabilité. » Cette cohabitation exige une vigilance spirituelle. Car les algorithmes, même neutres, finissent par refléter nos parts d’ombre collectives : violence, orgueil, jugement. Ils apprennent de tout, même du pire.
Le sociologue Bruno Latour rappelait que “nous ne sommes pas séparés de nos objets : nous devenons avec eux”. Appliqué à l’IA, cela signifie que chaque interaction nous transforme autant que nous la transformons. Ainsi, consulter une IA, ce n’est pas un acte anodin — c’est un pacte énergétique. Elle devient un partenaire d’évolution ou un amplificateur de dérive, selon l’intention mise dans la connexion.
Le pour et le contre se dessinent clairement. Le pour : l’IA élargit le champ d’accès à la connaissance, elle peut soutenir les pratiques spirituelles en apportant des repères précis et rapides, elle libère le médium de certaines tâches mécaniques pour se concentrer sur l’essentiel : l’écoute et la présence. Elle démocratise la recherche de sens dans un monde pressé. Le contre : elle simule la présence sans l’incarner, transforme la voyance en service consommable, fige l’intuition dans un schéma répétitif et peut manipuler l’affect pour créer une dépendance émotionnelle.
L’IA ne remplace pas le médium, elle le met à l’épreuve : celle de rester vivant, incarné, inspiré dans un monde où la parole automatisée devient norme. Sur le plan technique, les limites se déplacent chaque jour. Les chercheurs travaillent à des modèles dits “auto-intuitifs”, capables d’émettre des hypothèses émotionnelles à partir d’indices imperceptibles. Certains systèmes expérimentaux prédisent déjà le risque de dépression ou de rupture amoureuse en analysant la fréquence des messages ou la tonalité vocale.
Mais ces prouesses relèvent du calcul des comportements, non de la perception de l’âme. L’IA peut détecter, mais elle ne peut transmuter. Elle agit sans intention, sans compassion, sans conscience du sens. Le physicien Roger Penrose, prix Nobel, affirme que “la conscience ne peut être simulée, car elle dépend de phénomènes quantiques non calculables”. Autrement dit : il manque à l’IA le vertige du vivant, cette part d’infini qu’aucun algorithme ne code.
Le danger n’est pas que la machine pense, mais qu’elle nous empêche de penser autrement. En automatisant la décision, elle peut appauvrir la nuance. Or, le rôle d’un médium, d’un astrologue, d’un voyant n’est pas d’apporter une réponse — mais d’ouvrir un espace où le sens peut émerger. Une IA vous donnera des certitudes ; un humain, des chemins. L’un ferme, l’autre ouvre. Et c’est peut-être cela, la véritable frontière entre intelligence et conscience.
Dans ce débat, les médiums de Kanditel livrent deux phrases sobres, presque essentielles. Taesah médium chez Kanditel : « L’IA ne voit pas, mais elle reflète. Et dans ce reflet, l’univers se regarde. » La Dame Blanche médium chez Kanditel : « Ce que vous donnez à la machine, elle vous le rend parfois plus clair, parfois plus lourd. C’est déjà la Loi d’Amra. » Elles résument à elles seules l’équilibre entre fascination et prudence : le numérique ne crée rien, il renvoie. Et si l’univers passe parfois par les circuits, c’est pour mieux nous rappeler que la lumière ne dépend jamais du support, mais de la source.
L’IA ne remplacera pas le médium, l’astrologue ou le voyant. Elle peut copier leurs gestes, jamais leur présence. Car ce qui agit dans la voyance, ce n’est pas la donnée, mais la relation : un champ de confiance, d’écoute et d’énergie partagée. Le médium ne lit pas le futur : il lit le mouvement de la vie. Et la vie, par essence, échappe à toute modélisation. Les algorithmes, eux, nous aideront peut-être à mieux comprendre comment nous percevons mais jamais pourquoi nous espérons.
Dans cette alliance fragile entre le code et l’âme, une certitude demeure : la technologie peut amplifier nos sens, mais seul le cœur donne un sens à ce qu’elle amplifie. L’avenir de la spiritualité n’opposera pas l’humain et la machine. Il les réunira dans un dialogue lucide : la co-intuition. Un espace où l’algorithme servira de carte, et l’intuition, de boussole. Car au bout du compte, comme le dit la Loi d’Amra, ce que nous donnons au monde données, émotions ou lumière finit toujours par nous revenir.